Tout commence à la fin des années 1970, lorsque les parents du narrateur décident de s’éloigner de l’influence corruptrice de la ville pour entreprendre un périlleux « retour à la terre » en faisant l’acquisition d’une ferme dans le comté rural du Goochland (État de Virginie). Le jeune homme se trouve alors plongé dans le voisinage d’adolescents déboussolés et d’adultes endurcis que la terre hostile, presque hantée, du Nouveau Monde a fait sombrer dans la folie.
Avec pour protagonistes des parents à la fois violents et pétris de bonnes intentions, des délinquants sexuels racistes, des prêtres à la dérive et des poulets suicidaires, La Contrée transcende les conventions littéraires pour livrer une critique virulente du mythe national américain – à savoir que la terre engendrerait naturellement le Bien, tandis que la ville serait inéluctablement liée au Mal.
La Contrée construit un récit labyrinthique qui sabote de l’intérieur tout ce qui fait le fond de « l’âme américaine » : les fausses évidences xénophobes fondées sur le bon sens ; la croyance dans la prédestination divine ; le recours aux simplifications et aux mensonges les plus grossiers. Résultat d’un travail d’écriture de près de dix années, La Contrée met au jour la part sombre de la nation étasunienne, celle de la puissante minorité sur laquelle les stratèges électoraux ont su bâtir l’ascension de Donald Trump pour le porter au pouvoir.
L’écriture virtuose et explosive de Ben Metcalf révèle que la terre elle-même ne se résume pas à une simple toile de fond, mais qu’il émane d’elle une force profonde et malveillante qui régit la misérable existence de ses occupants. Réquisitoire à la fois impitoyable et farcesque contre la malédiction américaine, La Contrée est probablement le sermon le plus désopilant qui puisse exister sur les États-Unis, et le plus âpre éloge qui soit de sa langue. Avec les accents inédits d’un Faulkner mâtiné de Thomas Bernhard, La Contrée est avant tout une démonstration des puissances infinies de la littérature. Ce texte très remarqué par la critique lors de sa parution en 2015 est l’un des plus lucides, des plus amples et des plus originaux de la littérature américaine contemporaine.
Faulknérien, excentrique, une splendide métafiction Southern Gothic. — Vanity Fair
Iconoclaste… La Contrée entretient une familiarité évidente avec le Southern Gothic, à la fois par son style et par le soin qu’il met à décrire l’ignorance et le caractère grotesque de l’esprit rural. [Un] cousin campagnard de David Foster Wallace. — Thad Ziolkowski, The New York Times Book Review
Exceptionnel par son style et sa lucidité, La Contrée nous entraîne dans la lutte grotesque et angoissée d’une famille aux prises avec les malédictions de l’Amérique blanche rurale. Un roman sauvage et réjouissant. — Joseph O’Neill, écrivain
Les tournures de phrase brillantes dans La Contrée sont si nombreuses qu’il est difficile de choisir ses préférées. Chaque note de solo est interprétée avec une exquise perfection. — Bronwen Dickey, Slate
Recension sur www.nyctalopes.com (17 février 2019).
Recension par Vincent Dozol dans le Nouveau Magazine Littéraire (mars 2019).